Octobre

Jeudi 2 octobre, 23h16Yves Calvi ne parvient plus à lâcher ce sujet majeur : deuxième soir de suite consacré à la crise financière mondiale, en devenir pour être une crise économique profonde. Les tronches policées d’économistes en vue et d’analystes financiers, qui se succèdent sur son plateau, doivent exaspérer nombre de téléspectateurs. Les vomisseurs du capitalisme ne tolèrent plus qu’on puisse raisonner sur les événements, sitôt qu’on ne se déclare pas préalablement adversaire irréductible du système en folie. L’intégrisme idéologique des revanchards ne laisse rien augurer de réjouissant comme éventuel substitut à notre fonctionnement économique.

Dimanche 5 octobre, 11h30
A la veille de mes 39 ans ! Rien de joyeux ne se profile côté monde ? La douceur de vivre avec ma BB compense largement.
S’amuser un peu, tout de même, notamment par quelques rapprochements de faits qui révèlent le cynisme de certains potentats financiers et les contradictions dans la perception du quidam sans pouvoir.

Depuis quelques jours, un spot publicitaire fait se succéder une série d’images consensuelles avec un texte alarmiste, prononcé par l’icône Zidane, qui dénonce les dérives de l’humanité. A la fin de la séquence, seulement, on comprend pourquoi cela figure dans la promotion commerciale. La société d’assurance Generali vante ainsi la pratique éthique de son métier.
Que cela ajoute un peu plus à la fortune de l’ex footballeur, aucune importance. Le hic se situe plutôt dans les déclarations passées du PDG de cet assureur : éloge de la pratique financière sans bride, sans règle… La cause même des désastres en marche pour l’économie mondiale. D’un côté, un assureur qui n’hésite pas à pratiquer le grand écart idéologique, entre les convictions et l’image à donner au grand public ; de l’autre une idole pleine aux as qui n’hésite pas à associer sa voix à ce trompe l’œil comique tant il est indécent.
Ma liberté d’écriture, c’est d’essayer de n’être dupe de rien : ni d’un Besancenot qui se torche avec le pouvoir judiciaire et affiche sa complaisance à l’égard d’un sinistre criminel, ni de pratiques écoeurantes chez ceux-là même qui nous conduisent, peut-être, vers d’éprouvants moments socio-économiques.

Mardi 7 octobre
Appel de pôpa en début de soirée pour me fêter mes 39 ans, après l’envoi d’un texto hier peu avant minuit.
Première victime, dans mon entourage affectif, de la crise économico financière. A bientôt 60 ans, il doit subir l’incertitude d’une société placée en redressement judiciaire alors que ses principaux clients (pour cette imprimerie) figurent parmi les plus fortes baisses du CAC 40. Leurs premières mesures d’économie seront prises dans ce secteur utile, mais pas indispensable. Si la liquidation était prononcée, il devrait patienter deux ans avec une médiocre prise en charge avant sa retraite pleine et entière. A suivre donc, en espérant le meilleur pour lui.
En faisant abstraction du volet personnel, cette crise permet l’observation passionnante de comportements collectifs. Confirmation de ma défiance de ces agitations panurgiennes qui mettent en péril l’économie réelle.
Parmi la flopée d’économistes invités depuis deux semaines par Yves Calvi, l’un développe ce soir une analyse à rebours qui dédouane presque la tétanie financière. Un brin sophiste, il estime que les baisses en cascade ne sont que le réajustement naturel de la bulle boursière face à une conjoncture préalablement très dégradée.
Combien cela devient alors facile d’expliquer, voire de justifier, l’attitude des banques qui se soupçonnent réciproquement du pire, tout comme des masses d’opérateurs qui n’obéissent qu’aux rumeurs et ne sont obsédés que par la récupération de leur mise, avec une ‘tite culbute en plus, si possible. Pour cela, suivre le mouvement… délétère.

Mercredi 8 octobre, 23h55
L’emballement du système semble ne faire aucun cas des initiatives politiques nationales, comme de la si attendue décision de la BCE qui vient de baisser son taux directeur d’un demi point. De quoi rassurer les marchés… une petite demi-heure.

Chez Calvi, le ton de certains habitués, l’économiste Cohen et le directeur de l’Express Barbier, frise avec l’alarmisme et le catastrophisme sans fard. Le premier s’emporte sur des confusions de sens et considère que la force majeure doit diriger la conduite politique, quitte à s’asseoir sur les engagements budgétaires ; le second pose l’hypothèse d’une dégradation accentuée de l’économie qui aboutisse à une déflagration sociale… une révolution incontrôlable.
Chaque intervenant sur les médias tente d’atténuer la panique, mais ne peut occulter la gravité de la dépression qui s’annonce… Et dire que le terme récession avait été utilisé, dans les années trente, pour éviter de qualifier cela de dépression économique, tant la connotation avec un psychisme en perdition pouvait effrayer. Du vocable inculpé à l’euphémisme mis en examen, de la dépression à la récession : pas les mots qui comptent, mais la perception du contenu.
A minuit passé les marchés européens roupillent avant le bal de neuf heures… Bientôt quelques cadavres à ajouter au tableau du chaos.

Jeudi 9 octobre, 23h04
Chacun s’excite sur les délires boursiers en cours, attendant le souffle délétère comme une inexorable fatalité. L’irrationalité des comportements des opérateurs prend une telle ampleur qu’un responsable de ces salles de jeux financiers a évoqué ce soir, sur TF1, le caractère « psychiatrique » de l’attitude de traders en perdition.
Interner les hystériques de la finance pour soulager le monde : un programme de salut mondial ? L’exploitation par d’extrémistes idéologues ne tarderait pas. A la déshérence économique s’ajouterait la violence revancharde de pseudo révolutionnaires.
Le nationalisme social que j’évoquais dès 2005 à propos de ceux qui ont rejeté la constitution européenne sans pouvoir rien y substituer depuis, va s’affirmer les semaines et les mois passants, si la crise s’approfondit. Plus rien n’empêchera alors les tensions géopolitiques de déstabiliser un peu plus nos contrées. Premier signe ? La Grande Bretagne demande des comptes à l’Islande, au bord de la faillite, après que celle-ci ait gelé des dépôts britanniques situés chez elle. Le dépôt de plainte anglais n’a pas tardé. Première phase qui devrait laisser place à de plus expéditives réactions, à défaut d’une prise de conscience de l’univers miasmatique de la finance.

Vendredi 10 octobre

Brêle ce monde !

Regarde bien petit, comme il se courbe ce plat pays : un tango funèbre pour désespérés à qui l’on retirerait le dernier repas. On n’oublie rien de la quête première, celle que l’enfance nous a fait sublimer… mais l’éclusier des espoirs déçus doit faire passer le bon dieu de temps qui nous attrape à la gorge :
au suivant !
Je ne sais pas
ce que les jardins du casino boursier nous réservent comme pourritures dissimulées, mais l’indignation ne me quitte pas. Quand on a que l’amour de la culbute financière, rien n’a prise que l’obsession de se refaire… L’âge idiot de l’humanité est ainsi consacré, mais ni plus ni moins que pour ceux qui s’acharnent à jouer au Loto. A chacun sa bourse ! Ces gens-là, des vieux bourgeois qui ne veulent surtout rien perdre, aux sanguins excités prêts à en découdre pour enterrer le système, sont-ils si différents ?

Hier, alors que la ville s’endormait, Lugdunum où il fait si bon vivre, je songeais aux paumés du petit matin, ceux à qui la vie n’a pas souri : ce Jef du bas-côté, cette Mathilde aux yeux humides et gonflés, ce Jacky que l’on
évite, cette Titine toujours courbée par quelques sacs trop lourds. Que valent-ils au fond d’eux-mêmes ? Doit-on davantage les considérer que les gâtés fils de bourgeois ou les artificielles marquises de la haute, celles qui s’enivrent d’une valse à mille temps ? A méditer sans flancher, juste en attendant de vieillir.
Allez ! Lâchons-nous, que ça explose d’Amsterdam à Knokke-le-Zoute, de Bruxelles à l’île des bigotes, la la la ! en ultime hommage à ce monde moribond. Que la chanson des vieux amants cesse, celle de cet obscur Fernand et de sa Marieke perdus au fin fond de Vesouls, comme ensevelis sous les remparts de Varsovie.

Pourquoi s’en faire ? La purge s’accomplit, les rôles changent, simplement : le lion nouveau bouffera les biches fraîchement reconverties, au grand dam des nouveaux Jaurès. Ainsi s’entretient la parlote médiatique : chacun s’en approche à jeun pour s’en repaître sans retenue. Bulle financière qui nous écrase et libère le gaz délétère.
Alors que Jojo se demande comment tuer l’amant de sa femme Madeleine l’Ostendaise, ses maîtresses Zangra, Rosa et même la Fanette se disputent le bonhomme.
De l’un à l’autre, le même système détraqué qui fait de l’information une manipulation et des relations humaines un marigot. Pour oublier ces pitreries, faut-il viser les cieux via les aériens prénoms de Paris, les encombrés Roissy et Orly ? Avant le départ, cela vaudrait une gueulante truculente à la Brel, un emportement salutaire comme il les ciselait contre les Flamandes et les Flamingants.Peut-être vaut-il mieux se contenter d’une simple mélodie, une chanson sans paroles qui nous épargne quelque idéologie d’un caporal casse pompons de l’économie.
Où se nichent les cœurs tendres, l’émotion dense de voir un ami pleurer, les bonbons de mon enfance ? Les timides retours vers soi offrent à chaque fois des sources régénérantes, comme la bière fraîche à la fin d’une journée de plomb qui nous fait presque nous réincarner : « je suis un soir d’été ».
Quand on a été élevé comme moi, dans la tradition réfractaire, fustiger les bœufs navrants comme les toros imbus ne doit pas empêcher de suspendre de temps à autre ses foudres et d’enjamber les fenêtres, tel un enfant gentiment chenapan.
Rejoindre les filles et les chiens qui se roulent dans l’herbe fraîche, suivre les bergers le long des tracés de transhumance, caresser le cheval rencontré au hasard, suivre dans son intense immobilité la statue sans attaches et se porter en pensées vers ma grand-mère que j’aimais : la princesse disparue de Fontès.Alors juste un instant, je laisse revenir mes jeunes années et j’imagine que mon père disait : « quand maman reviendra, plus rien ne nous arrivera… » La sienne, la mienne ? Peu importe… C’est Brel qui nous le souffle.

Samedi 11 octobre
L’hommage à Brel m’a fait renouer avec la part littéraire de l’écriture, l’élan lyrique qui puise là où le conduit l’impératif d’exprimer.
Passé sur AgoraVox hier : l’article en vedette recueillait 98 % de votes positifs (avant, j’avais difficilement atteint, une fois, les 60 %). Objet du consensus : remettre en cause la réalité d’une crise financière, expression d’un conditionnement médiatique. Croire à sa lucidité sur toutes les manipulations qui nous cerneraient, comme autant de saloperies des détenteurs des pouvoirs, a de quoi faire exulter l’obscur lecteur empêtré dans ses filaments d’existence.
Faux anti-conformisme qui tape dans le sens de la grogne commune, facile rébellion de fauteuil où l’anonymat permet tous les excès non assumés, jetés à l’assemblée friande de gueulantes par procuration.
La question des médias tient du paradoxe : les mêmes qui, aujourd’hui, suspectent les refrains médiatiques de résulter d’une fumeuse conspiration des puissants (comme si leurs intérêts allaient dans le même sens et qu’une action concertée impliquait les grands médias), auraient hurlé, trente ans plus tôt, à la sous-information, aux secrets cultivés, à l’indigne dissimulation de faits dramatiques. Finalement, en ligne de mire, toujours l’idée qu’on nous cache quelque chose, mais au silence radio stigmatisé s’est substitué le brouhaha accusé de détourner l’attention, tel un leurre de réalité.

Evidemment, le plein aux as a tous les torts et le petit porteur doit être plaint. Rapprocher les comportements pour cesser les anathèmes incohérents. Pourquoi ne pas voir dans la démarche du trader confirmé, de l’amateur
boursicoteur comme du joueur de Loto la même tendance qui pousse à s’en remettre à d’irrationnelles données ou intuitions ? Le culte de la rumeur pour tout indicateur doit-il être descendu si l’on ne décrie pas cette obsession du retour immodéré sur modeste investissement, le fondement même qui capte l’accoutumance des modestes à ce jeu de hasard ? Confiez quelque fortune à ces cohortes de joueurs de la classe moyenne, et vous multiplierez l’activité des bourses, pour une chute encore plus abyssale…

Lundi 13 octobre
La démonstration d’unité de l’Eurogroup a rassuré les bourses du continent mais a amplifié les gueulantes, souvent simplistes, d’anonymes commentateurs sur le Net. Les confusions facilitent toutes les rages revanchardes.
Si l’on peut s’étonner du gigantisme des garanties apportées potentiellement aux prêts interbancaires, on ne doit pas les comparer à des dépenses d’investissement pour juger ces dernière d’un montant ridicule. La garantie relève, par définition, d’une capacité et pas d’une dépense effective.
Les dénonciateurs préféreraient peut-être qu’on laisse faire pour que le coût d’un effondrement financier total soit décuplé avec le retour d’une loi de la jungle pour une survie improvisée. Programme enthousiasmant.
L’un des lecteurs du Monde sur Internet reproche à ce plan d’être une générosité à fonds perdus sans que l’Etat se donne les moyens d’influer sur la stratégie. C’est tout le contraire qui est instauré. Toute garantie de l’Etat est conditionnée par la signature d’une convention qui imposera le contrôle de la puissance publique, notamment sur la stratégie de l’établissement financier.
Ignorance ou mauvaise foi du correspondant ? Cela profite à ceux qui réclament, comme électrochoc assuré, l’arrêt des bourses pour une remise à plat du système. Tout à fait réaliste : geler, on ne sait par le fait de quelle autorité (Dieu le Père, sans doute…) toute l’activité financière mondiale sans anticiper une quelconque conséquence dramatique ; donner un blanc-seing aux Etats, y compris aux trois-quarts fondés sur la répression de leur peuple, pour se substituer aux opérateurs privés. Comme si la vertu du tout-Etat devait naturellement se déduire des malfaisances opérées dans la sphère privée.
Un économiste, invité chez Calvi, expliquait ce soir que la pratique des subprimes avait été initiée par une décision politique (faire des Etats-Unis de propriétaires…) et non par des organismes privés.
Si les USA, pays démocratique, versent dans une telle inconséquence idéologique, imaginons de quoi seront capables les Etats liberticides. Même pas besoin d’imaginer, l’histoire nous fournit des cas exemplaires. Songeons, par exemple, à cet Etat qui a réquisitionné toute la production agricole (splendide nationalisation de fait) pour l’exporter et ainsi se payer une magistrale force de frappe contre l’Ouest menaçant. Quelques millions de morts par famine doivent être ajoutés au coût de cette étatisation.
Les appels à la mise à bas du système ne sont complétés par aucun descriptif précis de celui qui devrait le remplacer. L’Etat sera là, et cela semble remplacer toute argumentation. Cela entretient les fantasmes idéologiques jusqu’à la prochaine catastrophe due à d’écoeurants comportements.

Jeudi 16 octobre
Le gras plein d’oseille, spéculateur financier sur les marchés financiers, a dû provoquer urticaire et nausée chez ceux qui vomissent le système.
Sans une once de retenue, l’anglo-saxon explique avoir gagné trois cent mille euros dans la matinée par quelques clics inspirés sur son ordinateur. Un jeu complexe maîtrisé à la perfection par le bougre, et qui laisse dubitatif sur la portée des règles internationales qui sortiraient d’une conférence internationale pour la refondation du capitalisme. L’intitulé lui-même respire l’effet d’annonce à contenu inapplicable.

Le spéculateur, aussi détendu que peuvent être stressés les traders en déroute, n’hésite pas à confier aux journalistes de TF1 les dérives repérées dans les subprimes sans, à aucun moment, remettre en cause sa propre activité.
« Etonnant, non ? » lancerait un certain Monsieur Cyclopède.

Dimanche 19 octobre
Week-end estival, mais charge du labeur alimentaire. A Cqfd, retour de groupes exécrables, notamment un lot de branques se destinant à l’activité d’ASH ou de brancardier. Allergique à certains stagiaires que le système s’acharne à aider.
Petite promenade à vélo avec ma BB pour aboutir à la cité internationale.
En visée : la séance de 15h50 du Coluche, l’histoire d’un mec d’Antoine de Caune. Un documentaire diffusé la semaine passée synthétise la trajectoire tourmentée de l’amuseur irrévérencieux. L’un de ses pires moments : l’émission Droit de réponse qui lui était consacrée non pour un hommage, mais pour se colleter à des adversaires de toujours ou des détracteurs d’un jour. Coups dans la tronche et le cœur qui s’assimileront difficilement. Cela se produisait quelques mois/années après sa candidature avortée aux présidentielles de 1981 qu’aborde justement le film cité.
Retour aux grandes peurs entretenues de l’actualité via quelques articles du Monde imprimés.

Lundi 20 octobre, 22h30

Ce matin, sœur Emmanuelle s’est endormie pour une quiétude éternelle avant d’atteindre le siècle d’âge. Poivre d’Arvor voulait faire sa rentrée sur France 5 en sa pétillante (bien que physiquement affaiblie) compagnie, il devra se contenter d’une émission en forme d’hommage posthume.
Chacun se prend à croire à l’électrochoc Obama, prochain président des Etats-Unis. Même McCain envisage la défaite. Les débats entre les deux hommes, notamment le dernier, laissaient l’impression d’un candidat républicain focalisé sur l’offensive presque hargneuse, alors que le démocrate s’exerçait déjà à la stature présidentielle. Si l’élection consacre l’Afro-américain, la leçon de modernité devra nous faire réfléchir sur nos considérables retards dans ce domaine. En espérant que le destin du jeune Président ne soit pas écourté par quelque déjanté isolé ou quelque conspiration soignée.
La série Empreintes ouvrait son dernier numéro à Poivre d’Arvor : découverte de son intérieur décoré par des milliers d’ouvrages soigneusement rangés. Esthétisme et chaleur des lieux…

Mardi 21 octobre, 22h43
Le choc des destins comme programme sur France 2. Je viens de regarder le téléfilm sur la tragique trajectoire de Guy Moquet, communiste de dix-sept ans inspiré par la Résistance et fusillé avec d’autres pour l’exemple. Doit suivre un hommage à sœur Emmanuelle engagée corps et âme pour les autres avant de tranquillement s’éteindre au bord du siècle nouveau.Beaucoup moins de panache dans l’intervention du Premier ministre luxembourgeois, celui que d’aucuns voyaient comme possible premier président de l’UE. Juncker vient de carboniser son éventuelle légitimité à ce poste futur, si le fonctionnement institutionnel change un jour.
Sa défense de l’opacité financière de son bout de territoire confine à l’indécence technocratique en ces temps de chaos boursier. Sans doute qu’il peut se permettre la condescendance offusquée puisque l’argent sale, accueilli dans les officines bancaires, dispensera le Luxembourg de toute perdition à l’Islandaise.
Il n’empêche. La France doit-elle perpétuer cette complaisance à l’égard de ses petits voisins (Suisse, Monaco, Luxembourg) ou doit-elle exiger un coup d’arrêt du secret bancaire comme principe, sous peine de rompre tous les accords bilatéraux.
J’apprends ce soir que France 2 vient de se coucher devant le premier ministre du Grand Duché : des excuses pour ménager le courroux du dignitaire… Minable.

Vendredi 24 octobre
Du parc automnal.
Après avoir trouvé le profil d’Adèle C sur Facebook, petit signe affectif envoyé quelques semaines plus tôt. Elle me répond gentiment, m’adressant les salutations de ses parents. Elle m’informe avoir vu Sally récemment. Le suivi a lieu de ce côté, ce qui pourrait expliquer le peu d’effusions dans ces retrouvailles. Le temps a fait son œuvre, et mon peu d’enclin à maintenir ce qui doit se déliter a parachevé les quelques résurgences. Lyon en dualité, avec quelques arrêts familiaux, de plus rares détours amicaux, sans plus.
L’alimentaire occupationnel a mobilisé ces dernières semaines qui se succèdent comme autant de non événements personnels. En suspens, pour la douceur de vivre sans aspérité enthousiasmante ou minante, dans l’attente de… la fin, sans doute.
Le spectacle de sphères en débâcle finit d’occuper le temps imparti. A quoi rime de se passionner pour l’actualité du monde dès lors qu’aucun soupçon de pouvoir ne vous revient par choix du retrait de ce même monde ? Un faux-semblant pour s’imaginer impliqué ou seulement affecté par les événements d’un jour, d’une semaine, d’un mois, d’une années ? Se conforter dans une défiance vis-à-vis d’êtres dont l’obsession capitale est d’amasser et de paraître ? Ce serait trop facile et hypocrite de s’estimer en dehors des vices dénoncés.
L’étendue verte, face à moi, remet à distance le cirque sur ondes…

Dimanche 26 octobre
Vu l’enregistrement de Matrix ce matin. Une version informatique du gnosticisme avec le postulat indémontrable : tout ce qui nous entoure, tout ce qui fait notre conscience au monde est une réalité.La frêle trajectoire qui nous occupe parasite l’essentiel de nos tentatives de sortir de soi. La pesanteur n’est pas qu’une loi physique, c’est la condition de nos pensées. L’embrumement nous maintient dans nos sphères approximatives et rassurantes.

Vendredi 31 octobre, 23h54
La face des Etats-Unis va-t-elle se transmuer au regard du monde grâce au nouvel occupant de la Maison blanche ? L’antiaméricanisme primaire deviendra alors ringard d’un coup, nous renvoyant à nos propres carences.
Autre parallèle hasardeux : l’Etat va tirer les oreilles aux banques qui ne prêtent pas aux ménages et aux entreprises. Cette incitation forcée rappelle la démarche de l’Etat fédéral américain qui voulait faire de ses modestes citoyens, y compris ceux manifestement insolvables, des propriétaires.
Le fait que l’Etat français se porte garant par principe ne va-t-il pas inciter les banques à distribuer du crédit sans précaution, à sombrer dans la frénésie subprimes ? L’augmentation du nombre de chômeurs, la multiplication des faillites commerciales et la baisse du marché immobilier ne constitue-t-il pas une mixture explosive à moyen terme dont même l’Etat ne pourra pas contrôler les conséquences ?
Une mise sous tutelle financière s’imposerait alors : le pays qu’on présentait comme l’un des moins touchés par la crise financière se retrouverait aux premières loges de la crise économique, et ce par l’impulsion généreuse, mais irréfléchie, de l’Etat.
Catastrophisme délirant ? Espérons-le…

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